Samedi romain et Affogato al caffè
L'autre samedi, l'hiver semblait bel et bien derrière nous, alors que nous profitions de la douceur de la fin d'après-midi, à deux pas du Colisée. Le ragazzo me parle souvent de la splendeur passée de sa ville natale. De son histoire brutale. De son impérialisme "barbare". Près du Forum, il y a, sur une muraille, trois cartes de l'empire. "Il n'en reste rien, regarde, tu te rends compte. Ce qu'elle fut, et ce qu'il en subsiste? Presque rien." Rome, aujourd'hui, une cité chaotique, agitée, bavarde. Contradictoire aussi. Ses langueurs n'ont pas de limite. Mais elle a de la malice et du corps. Ainsi, Roma l'éternelle parvient toujours à fasciner même si elle n'en finit pas de vous exaspérer.
Comme il est bon de déguster les premières glaces de l'année, à l'Oppio Caffè, l'endroit idéal pour écouter du jazz, un oeil sur le Colisée. L'affogato al caffè. Quelques boules de crème glacée sur lesquelles on verse un espresso. Saupoudré d'un peu de cacao ou corrigé d'un trait d'alcool, de whisky par exemple pour ceux qui aiment, l'affogato, ce "noyé", instant suspendu de calme et de gourmandise. Engloutir sa glace avant que la chaleur du café ne la fasse chavirer et disparaître tièdement. Et puis repartir, s'imprégner des couleurs du soir.
Peggy PiPhotos et texte de Peggy Picot, Tous droits réservés ©cot